La persévérance…clé de la vie

tableau de Jean Jacques Marie

tableau de Jean Jacques Marie

Jean Louis Etienne, émission TV Thé ou café  www.the-ou-cafe.france2.fr , de dimanche matin à 7h50. Catherine Ceylac laisse 60 secondes à Jean Louis Etienne afin qu’il nous dise en direct et sans interviewer ce à quoi il croit.

Jean Louis Etienne choisit un seul mot :  » persévérance ». Pour lui, il y a tant de choses inachevées dans une vie, tant de rêves abandonnés et perdus que, insidieusement, chacun de nous peut accumuler de la frustration qui empêche progressivement d’avancer et d’accepter de nouveaux défis. Ainsi, JL Etienne www.jeanlouisetienne.fr nous recommande, par exemple, de terminer le petit avion modèle réduit que l’on a commencé il y a dix ans et dont la maquette est au grenier.

Belle leçon, Jean Louis et merci. Je vais de ce pas faire la liste de ce que j’ai laissé en suspens et délaissé. A quoi bon la  fuite en avant si c’est pour faire de l’ à peu près, du vite fait alors que j’ai laissé en jachère un poème, un roman, un dessin ou un collage dans un carton.

Je vais de ce pas rappeler trois choses à mes amis les futurs managers que je coache en développement personnel:

1. Faites peu de choses mais faites les à fond et bien.

2. Ne laissez rien en jachère.

3. Exercice : exprimez en 60 secondes ce à quoi vous croyez en choisissant un mot-clé et dites pourquoi c’est important pour vous. Ainsi vous serez prêt en toute circonstance (1 minute dans un ascenseur ou dans un couloir) pour passer un message fort et motivant à votre futur patron ou à un collaborateur. Vous ferez ainsi la différence

Guy Lesoeurs 

Le tableau de Jean Jacques Marie, peintre talentueux de mes amis, montre un chemin qui commence doucement sur terrain plat et qui monte vers les rochers des Baux, forteresse à quelques pas de chez moi. La particularité de ce tableau est que Jean Jacques a si bien réussi l’effet de perspective que l’on peut y entrer et marcher sur le chemin. Mais il faut pour cela y engager sa tête pour réussir sa quête. Attention au syndrome de Stendhal…

Syndrome de Stendhal : nom donné au trouble psychosomatique que Stendhal a éprouvé à Florence au sortir de l’Eglise Santa Croce à savoir une émotion subjuguante devant la beauté d’un tableau. Graziella Magherini auteur de » La sindrome di Stendhal « , éditions Ponte alle Grazie, 1996, nous confie :  » Nous sommes tous porteurs du syndrome de Stendhhal. Ce phénomène reste pour la plupart d’entre nous diffus. Dans certaines conditions d’intimité, une oeuvre d’art fonctionne pour celui qui la regarde comme le symbole d’un drame intérieur « . Il ya aussi le film du même nom de Dario Argento en 1996.

Approche transculturelle…en santé

FILM "Le Frère venu d'ailleurs..." Métisse

Depuis 2005, nous avons entamé une réflexion et une recherche sur l’approche transculturelle en santé, d’abord en ce qui concerne l’annonce de la maladie grave aux migrants et ensuite avec un groupe de travail transdisciplinaire que j’ai eu le grand plaisir d’animer sur la problématique de la communication des coordinateurs de prélèvements d’organes et de tissus avec les familles migrantes.

Après plusieurs colloques sur ces sujets (Marseille en 2005, Strasbourg en 2006 en ce qui concerne l’annonce de la maladie), un film et des publications que l’on trouvera dans ma bibliographie, nous avons mis au point avec le groupe de travail aidé par la Fondation Greffe de Vie et Roche, un programme de sensibilisation des soignants à la communication avec les familles migrantes qui viennent de perdre l’un des leurs susceptible d’être un donneur d’organes.

Par une enquête spécifique qui a été communiquée au Congrès Français de Transplantation (décembre 2008) et publiée (notamment dans  TRANSPLANTATION PROCEEDINGS, editions Elsevier) nous avons rendu compte de la difficulté des soignants hospitaliers à communiquer avec les migrants et à construire avec les familles un lien permettant d’envisager de manière sereine et éclairée la non-opposition au don d’organes.

En effet, les représentations de la mort, du corps, de l’âme peuvent être trés diverses selon les populations et le soignant, peu familiarisé à ces données anthropologiques et toujours pressé par le temps,  est souvent démuni devant le refus des familles qui le motivent par des raisons religieuses.

Le programme que nous proposons aux Equipes hospitalières est constitué d’un film de formation avec deux séquences de jeux de rôles. Ce film le frère venu d’ailleurs  Pitch du film « Le frère venu d’ailleurs… » de G. Lesoeurs et T. Ferradji que j’ai co-réalisé avec le Dr Taïeb Ferradji, psychiatre des hôpitaux et qui est co-produit par Roche et SOCRAMED/KeruX  permet une discussion en profondeur sur l’approche transculturelle et sur la posture mentale de décentrage de sa propre culture pour admettre celle de l’Autre et tolérer ses incompréhensions.  On comprendra que l’objectif n’est pas d’obtenir la non-opposition au don d’organes à tout prix mais de laisser du temps au récit et à l’expression de l’Autre qui n’a souvent pas été sensibilisé à la nécessité vitale du don d’organes.

Avec le Dr Ferradji et quelques membres du groupe de travail, nous animons les réunions avec le film à l’hôpital qui sont organisées par Roche. Ces réunions (au nombre de 7 pour l’instant) rencontrent un très bon écho et s’avèrent trés utiles pour les soignants (Sur 70 participants qui ont rempli les feuilles d’évaluation nous constatons un taux de 100% de satisfaction dont 70% de Trés Satisfaits et le même taux  concernant l’appréciation de l’utilité).

Lire le N° Spécial Métisse AIEP Métisse (AIEP) ainsi que le  poster FRERE  présenté à la Société Française de Santé Publique SFSP de Nantes.

A noter que le film « Le frère venu d’ailleurs » a obtenu le premier prix de la communication AFIDTN (Association Française des infirmières de Dialyse et de Transplantation) et le prix Question d’éthique du Festival de la communication médicale de Deauville 2009 et qu’il a été présenté au Festival du film médical de Leurquin.

Nous effectuerons une conférence sur l’annonce transculturelle de la maladie et l’approche transculturelle du don d’organes au Centre Culturel Français de Tlemcen (Algérie) qui nous a invités début février 2010.

En conclusion, il est nécessaire de rappeler que 30,7% des familles endeuillées ont refusé le prélèvement d’organes en 2008 au lieu de 28% en 2007 (Source Agence de la Biomédecine)  et que dans le même temps 13.000 malades étaient dans les listes d’attente de greffe. Il faut aussi rappeler qu’un donneur sauve environ 4 vies et améliore la vie de 3 autres. Il est donc nécessaire qu’un travail de sensibilisation soit poursuivi de manière plus intense auprès de la population, de quelque origine qu’elle soit.

Guy Lesoeurs

Puisque c’est ça la vie…de Michèle Lajoux

Puisque c'est ça la vie. Michèle LajouxAvec « Puisque c’est ça la vie » Michèle Lajoux publie son second roman aux Editions Le Cherche Midi.

Une réflexion sans concession avec cependant beaucoup d’émotion pour décrire l’entrée dans la vie d’une enfant puis d’une jeune fille dans les années 1960-70. Le poids de la famille, des interdits qui, s’il empêchait les jeunes, surtout les filles, de vivre leur vie comme ils l’entendaient, forgeait le caractère et obligeait à se dépasser pour exprimer cette énergie dans une révolte passive. Révolte passive… oxymoron certes! mais révélateur d’un état d’esprit qui, à l’aulne de 2009, peut paraître étrangement actuel.

Nous reviendrons sur ce livre, qui vient de sortir en librairie au prix de 17 €

Guy Lesoeurs

Claude Lévi-Strauss, un explorateur de l’esprit humain

TRISTES TROPIQUES« L’ethnologie est d’abord une psychologie » (La Pensée sauvage, Plon, 1962, 1969)

Claude Lévi-Strauss vient de disparaître; c’était un grand homme et une pensée vivante. Selon Michel Matarasso, notre regretté professeur d’anthropologie médicale à Paris 13, Lévi-Strauss était  » un explorateur de l’esprit humain ». Je tente dans ce court article  de comprendre pourquoi.

Le projet de Claude Lévi-Strauss est d’explorer l’esprit humain et notamment la pensée inconsciente qui le gouverne au moyen des systèmes symboliques comme le langage, la représentation des liens de parenté ou les mythes. Il s’agit plus d’une approche cognitive qu’émotionnelle, à savoir que les affects rentrent peu en ligne de compte du moins en tant que causes des pensées et des actes humains mais plutôt comme des conséquences; les aspects psychologiques découlant essentiellement des données sociologiques.  Lévi-Strauss ne nie pas, pour autant, la dimension émotionnelle mais la pense comme une résultante et non comme un déclencheur. C’est ainsi que dans « Le Cru et le cuit » (1964), volume premier de l’opus « Les Mythologiques », Lévi-Strauss compare la musique et la mythologie en tant que systèmes construits d’abord et qui peuvent être sources d’émotions mais cette conséquence ne l’intéresse pas outre mesure.

S’il existe un inconscient Lévi-straussien, il n’a rien à voir avec celui de Freud, car il ne laisse aucune place aux pulsions et au refoulé. Cet inconscient structure les représentations du monde de par sa fonction symbolique qui donne un sens, d’où l’appellation du courant de pensée que Claude Lévi-Strauss incarne : le structuralisme .

En donnant une importance capitale aux inter-relations entre les groupes plutôt qu’au groupe lui-même, Lévi-Strauss a changé le paradigme habituel de l’anthropologie. L’objet d’étude nécessite alors un décentrage plus net de sa propre culture. La recherche anthropologique n’est plus focalisée sur le détail d’un objet ou d’un habitus mais sur le lien et la relation que ce dernier crée entre les membres du groupe et au delà sur sa vocation peut-être universelle, sans sacrifier, toutefois à la tentation  universaliste et à la généralisation excessive.

Derrière tout mythe, Lévi-Strauss nous invite à découvrir la parole, les signes d’un langage construit sur des invariants ou des universaux, les « mythèmes » que l’on retrouve d’une culture à l’autre.

Avec « Anthropologie structurale » publié en 1958 et « Anthropologie structurale deux » (1973) , Claude Lévi-Strauss donne corps à sa théorie sur les peuples premiers et leurs mythes, travail qu’il peaufinera dans la « la Pensée sauvage » (1962) et les « Mythologiques » (4 volumes de 1964 à 1971).

Pour Philippe Descola, successeur actuel de Claude Lévi-Strauss à la chaire d’anthropologie sociale au Collège de France, c’est « L’œuvre scientifique considérable de Lévi-Strauss ne doit pas faire oublier l’importance de sa réflexion morale : dénonçant sans relâche l’appauvrissement conjoint de la diversité des cultures et des espèces naturelles, il a toujours vu dans l’anthropologie un instrument critique des préjugés, notamment raciaux, en même temps qu’un moyen de mettre en œuvre un humanisme « généralisé ». »

Claude Lévi-Strauss est né le 28/11/1908 à Bruxelles et décédé le 30/11/2009 à Paris. Après plus de quatre années de travail (1935-1939) sur le terrain auprès des Indiens d’Amazonie brésilienne, il publie sa thèse « Les Structures élémentaires de la parenté » (1949) ouvrage incontournable pour les chercheurs en anthropologie et qui sera suivie de nombreux ouvrages qui font autorité . Son ouvrage sans doute le plus célèbre auprès du grand public est « Tristes tropiques (1955).

« Quand nous commettons l’erreur de croire le sauvage exclusivement gouverné par ses besoins organiques ou économiques, nous ne prenons pas garde qu’il nous adresse le même reproche, et qu’à lui, son propre désir de savoir paraît mieux équilibré que le nôtre ». (« La Pensée sauvage »)

Guy Lesoeurs

Bibliographie

Comprendre Claude Lévi-Strauss, un numéro spécial de la revue Sciences Humaines, novembre-décembre 2008. 

Bertholet D., Claude Lévi-Strauss, Odile Jacob, 2008.

Cazier J.-Ph. (dir.), Abécédaire de Claude Lévi-Strauss, Éditions Sils Maria, 2008 (ISBN : 978-2-930242-57-6)

Hénaff M., Claude Lévi-Strauss, Belfond, 1991.

 Hors-série de la Lettre du Collège de France, « Claude Lévi-Strauss, centième anniversaire », novembre 2008.

Filmographie

Claude Lévi-Strauss, entretien avec Bernard Pivot du 4 mai 1984, DVD édité par les éditions Gallimard et l’INA, 2004.

Claude Lévi-Strauss, un film d’entretiens réalisé par Jean José Marchand et Pierre Beuchot produit par l’INA & Arte, et proposé en DVD par les Éditions Montparnasse.

Documentaire 52′ : À propos de « Tristes Tropiques » 1991 – Film Super 16.

Faut-il un débat sur l’identité nationale ? M. Rocard au Nouvel Obs

Soleil déclinant sur la merL’identité nationale est au goût du jour…

De mes lectures, je vous livre des extraits des propos de Michel Rocard sur ce sujet… frappés au coin du bon sens. (tirés du nouvelobs.com). Serions nous, comme les Mayas au crépuscule de notre histoire alors que notre nation s’enorgueillit d’être un creuset socio-culturel? Pour moi, la question de l’identité nationale est un vrai faux débat. C’est comme si, tout d’un coup, je prenais conscience d’être vivant…

Michel Rocard : -….[…]…La France est incontestablement l’un des pays occidentaux qui a la plus forte identité nationale…[…]…
….Tout cela nous donne un art de vivre ensemble, parfois avec une assez grande indifférence au droit du sang, et donc une majoration de l’identité de choix de culture et de volonté d’un destin commun, largement façonné par la Révolution. Et tout cela est assez magnifique. On a même fait vivre cette identité à la Martinique, à la Guadeloupe, au Sénégal et à dans presque toutes nos colonies.

L’idée que tout cela fasse doute et qu’il faille en rediscuter me stupéfie. Cela fait une identité absolument merveilleuse, dont il est vrai qu’on la durcie quand on la prend comme Le Pen. Parce que Le Pen, au fond, nie la réalité de l’adhésion à cette nation de gens qui y sont depuis 150 ans. Ma mère était Savoyarde. Ce qui veut dire que moi-même, je dois d’être Français à un succès diplomatique de Napoléon III, tandis que pour Le Pen, je suis un Rital.
Cela ne me fait pas plaisir de rouvrir la conversation. Je trouve ça complètement imbécile. Il faut bien voir que cette logique de fabrication de la France se détruit si on la ferme. C’est une logique d’ouverture. La France se définit comme une sorte d’orgueil permanent. Moi je suis protestant. Cela veut dire que mes ancêtres sont considérés comme Français depuis ce jour mystérieux d’août 1789 où l’Assemblée constituante a fait citoyens français successivement les protestants, les juifs, les comédiens et les gens de couleur.
Dans l’idée d’arrêter ce mouvement de générosité, il y a quelque chose qui me choque. Parce qu’ouvrir le débat, c’est rechercher l’écriture d’une formalisation instantanée de la description de ce qu’est l’identité française. Or, elle a été dans l’histoire complètement évolutive. Et après tout, si on décide que c’est à la date du 3 août 1789 que s’arrête la fabrication de la France, moi je cesse d’être citoyen.

N’est-ce pas aussi la question de l’immigration qui est sous-entendue dans le débat sur l’identité française ?
– La France est depuis le milieu du XIXe une terre de dépression démographique. Il y a avait vers 1935-36 déjà 4,5 millions d’étrangers en France. Et la presse de l’époque montre que certaines couches de la population traitaient les immigrés – Italiens, Polonais, Belges…- comme des chiens. La presse d’aujourd’hui n’ose pas, s’agissant des Arabes ou des Noirs, reprendre le vocabulaire, les insultes et les présupposés que colportait la France entre les deux guerres. Tous ces hommes sont devenus citoyens français. La France est faite comme ça! Se poser le problème de l’immigration, c’est se poser la question de la date à laquelle s’arrête la bienvenue que nous avons souhaité à tous ceux qui sont devenus Français en venant d’ailleurs, et qui sont aujourd’hui un bon tiers, sinon la moitié, de notre population totale. Alors à partir de quand on crache dessus ?

Exalter la France est une chose. Je me sens Français comme pas possible. Je suis éperdument fier d’être par hasard né dans ce pays. Mais je n’ai pas envie que la chance que cela représente soit fermée à d’autres, au nom d’un sectarisme qui n’est pas dans notre histoire. Et je crains beaucoup que le fait d’ouvrir le débat ne se traduise, comme souvent en France, par une volonté de formaliser, de décrire et de mettre dans des textes, ce qui va figer. C’est idiot… C’est idiot parce que je n’ose pas caresser l’espoir que dans ce débat sur l’immigration, la victoire aille à cette définition : la France est la seule identité nationale au monde qui soit en définition évolutive et constamment en train d’agglomérer de nouvelles sensibilités et de nouvelles représentations linguistiques ou de couleurs de peau.

C’est votre définition ?
– Oui. Absolument. En 1789, les Français secouent le joug de la monarchie absolue. Les trois ordres se réunissent, ils écrivent la déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, et il ne leur vient pas à l’idée de n’écrire que pour eux. Ils écrivent pour le monde entier. Les deux premiers mots sont « Les hommes« , sans distinction géographique, linguistique ou raciale. « Les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »
C’est un trait culturel. Et toute idée que le cadeau de la France au monde qu’est ce texte puisse être terni, par le fait qu’on donnerait plus d’importante à certains hommes qui sont rassemblés dans l’hexagone sur certains autres, c’est un attentat à la grandeur de la France.
…[…] …
Ma crainte, c’est qu’on mette des frontières là où il n’en faut pas. C’est que parler de l’identité nationale nous convainque qu’il y a une substance de plus, quelque chose de qualitativement différent, entre ceux qui sont Français et ceux qui ne le seraient pas mais habiteraient quand même notre territoire. C’est ça le risque. Car l’enjeu, c’est une insertion décente de tous ces gens, comme nous l’avons toujours fait.

Propos de Michel Rocard recueillis par Baptiste Legrand
le lundi 2 novembre 2009 – Nouvelobs.com