Les Indiens précurseurs de la psychanalyse?

L’attrape-rêve : les Indiens d’Amérique du Nord précurseurs de la psychanalyse ?

Attrape-rêve cheyenne circa 1900. Coll.GL

[Comme suite à ma conférence sur L’attrape-rêve, tradition et clés du songe donnée le 13 janvier 2012 à l’ATRIUM, Mairie de Saint Rémy de Provence.]

Les attrape-rêve se balancent au gré du vent dans les boutiques de souvenirs du monde entier : dream-catcher, appelé aussi piège à soucis, ou spider-web-charm (charme en forme de toile d’araignée), la plupart des touristes n’en connaissent pas l’origine et encore moins la légende. C’est un très vieil objet chargé de sens qui dans les tribus amérindiennes du Nord (Grand Lacs) protège les songes des enfants dans leurs berceaux et sert dans la quête de vision des adultes. Le cauchemar envoyé par les esprits malfaisants est arrêté dans les mailles et détruit au lever du soleil. Fixé avec une plume d’aigle dans la chevelure, l’attrape-rêve reçoit les visions des esprits afin de guider la vie quotidienne de la tribu.

Après avoir décrit les légendes, les rituels et la richesse de la symbolique amérindienne, j’ai abordé dans cette conférence les aspects psychanalytiques du rêve et notamment à la mode « occidentale ».

Moment de repos nécessaire à la vie psychique pour exprimer les désirs refoulés, le rêve est « la voie royale vers l’inconscient » (Freud). Langage riche de symboles et d’archétypes provenant de l’inconscient individuel ou collectif (Jung), le rêve permet de se délivrer de l’angoisse et sa réminiscence joue un rôle primordial dans la cure analytique.

Il apparaît, selon divers auteurs anthropologues américanistes (Densmore, Wallace) que les cultures chamaniques, notamment la culture algonquine et iroquoise, déjà au XVIIe siècle, avaient pressenti, avec beaucoup d’acuité psychologique, l’intérêt du rêve comme moyen introspectif.

La cinquantaine de participants très attentifs à ma conférence se prit aussi à réfléchir sur les rêves prémonitoires, les cauchemars (rêves d’angoisse) et sur l’inconscient collectif.

Si j’ai pu paraître un peu trop prudent aux yeux de certains et certaines sur les méthodes de lecture et les dictionnaires d’interprétation des rêves foisonnant sur Internet notamment pour tenter d’éclairer le futur, la raison est simple : il est très difficile de déduire des généralités applicables à chacun de nos rêves. Cela dépend du contexte, de l’individu et de ses croyances comme le précisaient Freud et Jung. Si la recherche du sens du rêve est un des temps forts de la cure analytique, il apparaît que les peuples premiers ont, comme bien souvent, anticipé sur nos concepts et nos pratiques psychothérapeutiques.

Les personnes intéressées retrouveront l’article que j’ai écrit en 2004 dans L’autrecliniquescultures et sociétés, 2004, vol.5, n°1, pp31-46 …Pour avoir l’article intégral que j’ai réactualisé cliquez sur ce lien et vous l’aurez en pdf :  ATTRAPE-REVE GUY LESOEURS

Guy Lesoeurs

Psychanalyste et anthropologue

Attrape-rêve et poupée indienne. Coll. GL
L'autre, Cliniques, cultures et sociétés. Les mondes de la nuit. La pensée sauvage, 2004

¿Que deviens-tu? pas si anodin!

Collage biologique. GLartis

Une amie (qui lit ce blog régulièrement) réagit à ma question  » que deviens-tu? »

« … le que deviens-tu? m’a agaçée et je ne savais pas quoi dire.  Je dois dire que ce questionnement s’est transformé en : « qui es-tu? ».

Cette réponse m’a, à mon tour, questionné. D’où ma réflexion ci-dessous à propos de ce « Que deviens-tu ? » accrocheur, alternative au banal « comment vas-tu? ».

Il m’est tout d’abord venu à l’esprit la triste complainte du poète Ruteboeuf interprétée par Léo Ferré ou Cora Vaucaire.

« Que sont mes amis devenus… que j’avais de si près tenus et tant aimés… »

Puis, ayant chevauché le Pégase Internet j’ai trouvé d’autres citations dont :

«… l’événement ou avènement est le devenir sous l’aspect instantané, comme le devenir est le « il y a » sous la forme continuée. Qu’il s’agisse de devenir ou qu’il s’agisse d’advenir et de survenir, le temps dans les deux cas est une sorte d’évidence, mais une évidence fondante… »
V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 69.

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ONFRAY DEFRAIE LA CHRONIQUE…ou le marketing (malin) d’un philosophe

J’ai observé et écouté le Professeur Michel Onfray, auteur d’une cinquantaine de bouquins, animateur de sessions philosophiques et pourfendeur aujourd’hui et …opportun (pour lui) de la psychanalyse.

J’ai même acheté son livre, pour savoir et me faire une idée en espérant qu’il fera profiter de ses droits d’auteur quelques associations nécessiteuses, comme il serait de bon ton, en philosophie.

Je ne parlerai en aucune façon, pour l’instant de sa thèse, car j’en ai seulement entendu causer par médias interposés et il me faut la lire. Apprenti analyste depuis longtemps, je suis intrigué, c’est le moins que je puisse dire.

Au stade où j’en suis de mes observations, je trouve que cet intellectruel rassurant est assez malin dans son marketing et sa promotion. ( je peux me permettre d’émettre un avis vu mon passé de « communicant » et « marketeur » et mon présent de coach).

Comment vendre un livre et surtout un concept…Voici la recette à concocter avec le maximum d’impertinence, sans lésiner sur les attaques gratuites.

Temps 1 : choisir un thème porteur avec une date de sortie d’un bouquin sur le sujet car l’on sait que les médias vont se ruer sur le coup.

Temps 2 : écrire (mais où M. Onfray prend-t-il le temps quand on sait combien c’est chronophage!!)

Temps 3 : provoquer des réactions de la part de ceux qui se sentent attaqués dans leur profession en martelant l’idée que ces gens-là (les analystes) profitent du système et se font de la monnaie sur le dos de pauvres gens crédules.

Temps 4 : peaufiner une dialectique imparable avec des arguments :

Quantitatifs 

 – 600 pages d’une étude approfondie, à partir des textes de Freud eux-mêmes

– 40 auteurs du livre noir de la psychanalyse ne peuvent avoir tort! Allons donc!

–  Payer trés cher ce qui ne sert à rien (pas plus d’efficacité que le placebo crédité de 30%)

Qualitatifs (déjà entendus)

– La psychanalyse est une construction fausse, une affabulation d’un homme qui a trouvé des disciples,

– Les psychanalystes sont des profiteurs,

– La psychanalyse n’est pas scientifique etc.

Emotionnels et personnels

-Moi-même j’y ai cru comme à un catéchisme mais la philosophie m’a ouvert les yeux!

-Je sors d’en prendre et je suis heureux de fuir la secte…

– On m’a pris pour un c. suffisamment longtemps (la même chose avec Dieu!)

-Toutes les techniques psy se valent ..à partir du moment où l’on écoute le plaignant

Temps 5 bis

Proposer une alternative car on ne peut pas que détruire

– Sartre l’oublié, voilà un bon truc … la psychanalyse existentialiste: un beau concept.. justemet je vous en parlerai

Les pièges à éviter

– Etre trop du côté des TCC

– S’énerver

Bien joué. La stratégie, qu’elle est bonne et comme on sait que les psy n’aiment pas trop débattre en public et quand ils osent le faire, ils ne sont pas les meilleurs (cf Gérard Miller) on rentre comme dans du beurre.

Sauf que certains et non des moindres (Julia Kristeva), grâce à des médias intelligents (Nouvel Obs de cette semaine) dans des termes mesurés et pertinents arrivent à lui tenir la dragée haute sans se mettre sur la défensive.

Au fond, Onfray aime bien débattre car cela le renforce puisque c’est lui qui attaque…

Et le patient dans tout ça? Rappelons que M. Onfray n’a jamais été et ne sera jamais clinicien, comment peut-il émettre un jugement fondé lui qui, sauf information contraire, n’a appréhendé que le côté littéraire et philosophique de Freud.

Alors la philosophie, une thérapeutique? Sans nul doute. Aimer la sagesse et la pratiquer enlève bien des maux et des mots inutiles car in fine, le silence est sûrement un excellent remède.

En tout cas, M. Onfray n’a pas besoin de coach pour surfer élégamment sur la vague médiatique…

Guy Lesoeurs

A suivre…

Management sans frontières

Management sans frontières : approche transculturelle de la diversité

Le décloisonnement du monde et les migrations temporaires ou définitives rendent les entreprises de plus en plus multiculturelles. Les managers sont amenés à diriger des personnes et des personnes dans un contexte pluriel. Les façons de penser, de réagir et d’agir, variables selon les origines culturelles , peuvent constituer des freins pour les équipes au lieu de les rendre plus performantes.

Au premier chef, la tentation est grande de vouloir « lisser » les différences pour éviter les sources de malentendus et de dysfonctionnments alors que la diversité est une richesse potentielle… Vous trouverez la suite dans l’article manager-du-possible, approche transculturelle de la diversité, et qui sera publié dans quelques jours dans la revue de AMIPS (Association des médecins des Industries des Produits de Santé).