¿Que deviens-tu? pas si anodin!

Collage biologique. GLartis

Une amie (qui lit ce blog régulièrement) réagit à ma question  » que deviens-tu? »

« … le que deviens-tu? m’a agaçée et je ne savais pas quoi dire.  Je dois dire que ce questionnement s’est transformé en : « qui es-tu? ».

Cette réponse m’a, à mon tour, questionné. D’où ma réflexion ci-dessous à propos de ce « Que deviens-tu ? » accrocheur, alternative au banal « comment vas-tu? ».

Il m’est tout d’abord venu à l’esprit la triste complainte du poète Ruteboeuf interprétée par Léo Ferré ou Cora Vaucaire.

« Que sont mes amis devenus… que j’avais de si près tenus et tant aimés… »

Puis, ayant chevauché le Pégase Internet j’ai trouvé d’autres citations dont :

«… l’événement ou avènement est le devenir sous l’aspect instantané, comme le devenir est le « il y a » sous la forme continuée. Qu’il s’agisse de devenir ou qu’il s’agisse d’advenir et de survenir, le temps dans les deux cas est une sorte d’évidence, mais une évidence fondante… »
V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 69.

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SE SENTIR BIEN AU TRAVAIL…ET NE PAS Y MOURIR

Les masques en disent long...
Les masques en disent long...

Se sentir bien au travail… et ne pas y mourir d’ennui (mort lente) ou tout court!

Récemment, dans les séminaires de management que j’ai le plaisir d’animer soit dans le Mastère management de l’Industrie Pharmaceutique à l’ESC Dijon Bourgogne (Directeur Céline Soulas) soit  dans le programme original de Management en alternance  (Fac 6° année Pharma/entreprise) MOI²SE qui existe depuis deux ans à l’UFR Pharmacie de Dijon, programme créé et dirigé par Madame le Professeur Sylvette Huichard, nous abordons avec les participants les compétences et qualités humaines du manager. Nous discutons de l’équilibre entre l’orientation objectifs de rentabilité, gains de productivité etc…(Task oriented mind) et l’attention aux problèmes humains et à l’épanouissement de ses Collaborateurs (Human oriented mind) que doit constamment avoir en tête le Manager d’une équipe. Quand je demande, en début de séminaire, aux apprentis managers quel serait leur premier objectif dans leur vie professionnelle, j’obtiens des réponses assez diverses de type économique, apprentissage, acquisition d’expériences etc. L’une des réponses « se sentir bien dans l’entreprise » a retenu particulièrement mon attention. Nous en avons discuté avec les participants. Pour ma part, avec la certitude (?) forgée par 40 années passées dans l’entreprise, j’ai pensé de prime abord que, compte tenu de ce que les Médias nous rapportent tous les jours, cet objectif ne devait plus être à l’ordre du jour et que, exprimée telle quelle devant un recruteur ou un DRH, cette vision de l’entreprise pourrait desservir un candidat. Cependant, à la réflexion, je réalise que c’est certainement l’un des meilleurs objectifs qui soient aujourd’hui car s’il est mis en pratique, il permet la réalisation de grandes choses. Le manager hypermoderne, fort de sa capacité d’adaptation (l’image si juste de l’embrayage a été apportée par l’un des participants) et sa fluidité d’esprit, pourra, dans une entreprise « adulte »  (dans le sens de l’analyse transactionnelle) s’y réaliser. L’entreprise « adulte » est conduite par des managers qui font attention à la personne et la respectent, dans une bonne ambiance de travail….et dans l’atteinte d’objectifs réalistes fixés par l’entreprise. Le Manager digne de cette fonction sait détecter et renforcer l’énergie positive…et, si l’on emprunte à la sémantique psychanalytique, animer des pulsions de vie plutôt qu’entretrenir des pulsions de mort par le stress. Dans le combat perpétuel qu’Eros et Thanatos se livrent dans notre moi intime, trouvons la seule voie pérenne, celle de l’épanouissement.

Merci aux futurs managers de MOI²SE (6° année de pharmacie option industrie) d’avoir exprimé leur authenticité en formulant cet objectif de haute valeur « se sentir bien dans l’entreprise » car il nous fait  réfléchir.

Pour être complet, je souhaite vous signaler le documentaire « La mise à mort du travail: Destruction, aliénation, dépression  » que France 3 diffusera, le lundi 26 octobre prochain à 20 h 35. C’est un documentaire sur l’organisation actuelle du travail salarié et le management par le stress qu’elle soustend. 
Les drames humains (suicides chez France Telecom ou chez Renault ou ailleurs mais nous ne le savons pas…) et les effets délétères incommensurables économiques et humains que cette recherche du rentable à court terme induit y sont analysés avec une grande objectivité. La seconde partie du documentaire sera diffusée, sur la même chaîne, le jeudi 29 octobre.
La plaquette jointe (lien ci-après) MISE A MORT DU TRAVAIL vaut d’être lue, elle contient des données chiffrées et synthétise le propos du film de façon pertinente.
Voici donc deux émissions à voir absolument et à faire connaître auprès de vos collègues, amis et supérieurs hiérarchiques.

Avis aux futurs managers : ne soyez pas le torero qui, agitant devant ses collaborateurs la muleta rouge du stress, met à mort le taureau. Cette attitude antique, pour autant qu’elle paraisse brave, ne contribue qu’à maintenir un état d’arène sanglante. (à suivre)

Auteurs : G. Lesoeurs, Gérard Babany et Laurence Pons

TRANSCULTUREL

Les enfants guetteurs de monde

Je viens de re lire avec une grande attention le numéro de PsychoMedia

www.psychomediamagazine.fr n°18 de septembre 2008.

· Le débat de B. Cyrulnik/ P. Fonagy (pp 15-22)sur l’attachement est vraiment passionnant.

· L’article de Mahmoud Sami-Ali sur la psychosomatique de l’enfant aussi (pp. 52-57)

L’article qui a retenu le plus mon attention est celui que Marie-Rose Moro (professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, chef de service au CHU Avicenne, Bobigny et chef de service à la Maison de Solenn, CHU Cochin, Paris, www.mda.aphp.fr) a écrit avec Béatrice Gal (psychiatre, CHU Avicenne) et qui s’intitule : «  Adolescence et psychosomatique, une histoire de séparation ? » (pp. 58-64).

Anticiper que les enfants de migrants sont les prototypes …hypermodernes, c’est-à-dire des champions de la fluidité et de l’adaptation et des exemples pour de nombreux enfants qui « voyagent » au sens propre et figuré est une vision forte.

Je retiens

  • des expressions fortes et belles comme « enfants guetteurs de mondes » ou encore « espaces de différence »
  • d’autres expressions nécessaires et frappées au coin du bon sens et de l’humanité comme «  énoncés racistes, fruits de la mauvaise foi et de la mauvaise conscience » «  racisme qui n’épargne personne » , « racisme, violence fondamentale faite à l’être qu’il convient d’extirper »

Je retrouve avec force cette grande idée de l’altérité qui fait que tout ce que je fais à L’autre, je le fais à moi-même et je découvre une expression métaphorique du décentrage, cette nécessaire opération de « décolonisation de soi-même », incessante et remise en chantier constamment.

Cet article m’a inspiré un poème que je vous livre.

Les enfants guetteurs de monde

Vivent les enfants guetteurs de mondes

De  la banlieue féconde

Vivent les enfants moteurs de rondes

Les enfants d’ici et d’ailleurs

Sont les inventeurs

De comptines hypermodernes

Sans Hydre de Lerne

Vivent les enfants guetteurs de mondes

De  la banlieue féconde

Vivent les enfants moteurs de rondes

Vulnérables mais très forts

Différents et aimables

Du dedans, du dehors

Puissants grains de sable

Vivent les enfants guetteurs de mondes

De  la banlieue féconde

Vivent les enfants moteurs de rondes

J’entends bruire leur vie dans la ville

J’attends sans peur

Leur révolution tranquille

De bonheur.

Guy Lesoeurs

Auteurs : G. Lesoeurs, Gérard Babany et Laurence Pons
Auteurs : G. Lesoeurs, Gérard Babany et Laurence Pons

L’authentique se cultive-t-il?

Soleil pâle d\'hiver

Commençons par un haiku, petit poème japonais…

Masque d’hiver pâle

Rosée gelée

Attendre

L’authenticité d’une personne est synonyme de sincérité, c’est-à-dire « ce qui exprime la vérité profonde de l’individu et non des habitudes superficielles (p.1024, Le Grand Robert de la langue française, 2001).

Je pense que la valeur authentique est ce qui se laisse voir d’une personne sans qu’elle en ait vraiment conscience c’est-à-dire la sincérité (du latin sin cerus : sans cire): ce qui transparaît  en dessous du vernis ou du fard. C’est la raison pour laquelle je pense que l’on peut cultiver et travailler son « authentique » (le rendre plus conscient) pour être plus heureux avdec soi-même et aider les autres.

« Je voudrais, tout le long de ma vie, au moindre choc, rendre un son pur, probe, authentique. Presque tous les gens que j’ai connus sonnent faux. Valoir exactement ce qu’on paraît, ne pas chercher à paraître plus qu’on ne vaut. » A. Gide, Les faux-monnayeurs, II, 4.

Les synonymes d’authentique sont : sincère, juste, naturel et vrai.

Perception de l’image juste et représentation du vrai, l’authentique s’exprime dans la façon de se dire.

Guy Corneau, dans sa préface au livre de Thomas d’Assembourg « Cessez d’être gentil, soyez vrai » (Les Editions de l’Homme, Montréal, Québec, 2001) écrit « Exprimer sa vérité dans le respect d’autrui et le respect de ce que l’on est.[…].comment reprogrammer notre façon de nous exprimer, notre façon de nous dire »

L’authentique, adjectif devenu substantif, serait cette indéfinissable vibration de la valeur de soi que les autres perçoivent. Cela étant, s’il est imprudent d’affirmer que l’authentique n’existe que par le regard de l’autre, peut on être authentique par rapport à soi-même tant il est vrai qu’il nous arrive  de nous mentir?

L’authentique ne serait-il pas simplement « être soi-même » exprimé par le mot lacanien parêtre, ce Je subjectif énoncé opposé au paraître, ce Moi objectif imaginé?

Ayant dit et discuté ces points de réflexion avec les six participants trés motivés d’un très récent et dense séminaire de 5 jours de développement personnel que j’avais le plaisir d’animer, leurs réactions m’ont confirmé que cette question de l’authentique est vraiment centrale et …authentique en coaching de management et de vie personnelle.

Questions à se poser

  • Peut-on et comment travailler son « authentique » ?
  • Doit-on travailler son authentique au risque de ne plus « parêtre » naturel, paraître masqué, et d’habiller sa vraie nature d’un vernis plaisant ou plutôt « plaisable »?
  • Peut-on devenir authentique?
  • L’authentique en management est-il souhaitable, sachant que le manager qui se dirait authentique doit accepter d’être vulnérable et en quelque sorte prédictif ?
  • Doit-on risquer sa propre vérité et sincérité dans le jeu de l’entreprise ?

Me reviennent en mémoire les paroles de Ed H. manager américain d’un laboratoire suisse que j’ai bien connu et qui affirmait haut et fort à ses collaborateurs: « With me, you will get what I am ! » (Avec moi, vous aurez ce que je suis) c’est à dire je serai bien celui que vous avez devant vous et pas un autre déguisé.

Fermons la boucle! Quand le paraître (le Moi objet imaginé par vous et moi) ne fait plus qu’un avec le parêtre (le Je subjectif énoncé) et que la pensée rejoint le discours, c’est à dire quand la perception rejoint la représentation.

Alors authentique = la valeur d’être soi …même. Suite au prochain numéro.

 

Impression vespérale…

 

Impression, soleil couchant sur les Alpilles ocres de chaleur…

Les premiers écrits sur son blog ne sont pas difficiles, ce qui est dur c’est le vide en face de soi. On s’y lance. Car, personne ne vous répond. Michel Lecourt (Ubik), qui a conçu l’architecture de ce blog pour moi m’a bien prévenu. Il faut mettre des lignes à l’eau et attendre des touches.

C’est pourquoi j’avance dans ma démarche.

C’est bien le moment de vous avertir. Ce blog est comme un tableau impressionniste (d’où la référence à Monet en titre) Des touches de couleur, des idées et des réflexions. Prenez les au vol. Au début, vous chercherez vainement un dénominateur commun entre Diana, Sarayacu, le management et le coaching. Etablir des ponts entre les choses même sans rapport: voilà la vraie créativité. La carpe KoÏ et le lapin angora se marient pour donner une nouvelle idée.

Nous ne sommes pas des cerveaux sans frontières pour rien!

A vous lire

Guy Lesoeurs