¿Que deviens-tu? pas si anodin!

Collage biologique. GLartis

Une amie (qui lit ce blog régulièrement) réagit à ma question  » que deviens-tu? »

« … le que deviens-tu? m’a agaçée et je ne savais pas quoi dire.  Je dois dire que ce questionnement s’est transformé en : « qui es-tu? ».

Cette réponse m’a, à mon tour, questionné. D’où ma réflexion ci-dessous à propos de ce « Que deviens-tu ? » accrocheur, alternative au banal « comment vas-tu? ».

Il m’est tout d’abord venu à l’esprit la triste complainte du poète Ruteboeuf interprétée par Léo Ferré ou Cora Vaucaire.

« Que sont mes amis devenus… que j’avais de si près tenus et tant aimés… »

Puis, ayant chevauché le Pégase Internet j’ai trouvé d’autres citations dont :

«… l’événement ou avènement est le devenir sous l’aspect instantané, comme le devenir est le « il y a » sous la forme continuée. Qu’il s’agisse de devenir ou qu’il s’agisse d’advenir et de survenir, le temps dans les deux cas est une sorte d’évidence, mais une évidence fondante… »
V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 69.

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L’authentique se cultive-t-il?

Soleil pâle d\'hiver

Commençons par un haiku, petit poème japonais…

Masque d’hiver pâle

Rosée gelée

Attendre

L’authenticité d’une personne est synonyme de sincérité, c’est-à-dire « ce qui exprime la vérité profonde de l’individu et non des habitudes superficielles (p.1024, Le Grand Robert de la langue française, 2001).

Je pense que la valeur authentique est ce qui se laisse voir d’une personne sans qu’elle en ait vraiment conscience c’est-à-dire la sincérité (du latin sin cerus : sans cire): ce qui transparaît  en dessous du vernis ou du fard. C’est la raison pour laquelle je pense que l’on peut cultiver et travailler son « authentique » (le rendre plus conscient) pour être plus heureux avdec soi-même et aider les autres.

« Je voudrais, tout le long de ma vie, au moindre choc, rendre un son pur, probe, authentique. Presque tous les gens que j’ai connus sonnent faux. Valoir exactement ce qu’on paraît, ne pas chercher à paraître plus qu’on ne vaut. » A. Gide, Les faux-monnayeurs, II, 4.

Les synonymes d’authentique sont : sincère, juste, naturel et vrai.

Perception de l’image juste et représentation du vrai, l’authentique s’exprime dans la façon de se dire.

Guy Corneau, dans sa préface au livre de Thomas d’Assembourg « Cessez d’être gentil, soyez vrai » (Les Editions de l’Homme, Montréal, Québec, 2001) écrit « Exprimer sa vérité dans le respect d’autrui et le respect de ce que l’on est.[…].comment reprogrammer notre façon de nous exprimer, notre façon de nous dire »

L’authentique, adjectif devenu substantif, serait cette indéfinissable vibration de la valeur de soi que les autres perçoivent. Cela étant, s’il est imprudent d’affirmer que l’authentique n’existe que par le regard de l’autre, peut on être authentique par rapport à soi-même tant il est vrai qu’il nous arrive  de nous mentir?

L’authentique ne serait-il pas simplement « être soi-même » exprimé par le mot lacanien parêtre, ce Je subjectif énoncé opposé au paraître, ce Moi objectif imaginé?

Ayant dit et discuté ces points de réflexion avec les six participants trés motivés d’un très récent et dense séminaire de 5 jours de développement personnel que j’avais le plaisir d’animer, leurs réactions m’ont confirmé que cette question de l’authentique est vraiment centrale et …authentique en coaching de management et de vie personnelle.

Questions à se poser

  • Peut-on et comment travailler son « authentique » ?
  • Doit-on travailler son authentique au risque de ne plus « parêtre » naturel, paraître masqué, et d’habiller sa vraie nature d’un vernis plaisant ou plutôt « plaisable »?
  • Peut-on devenir authentique?
  • L’authentique en management est-il souhaitable, sachant que le manager qui se dirait authentique doit accepter d’être vulnérable et en quelque sorte prédictif ?
  • Doit-on risquer sa propre vérité et sincérité dans le jeu de l’entreprise ?

Me reviennent en mémoire les paroles de Ed H. manager américain d’un laboratoire suisse que j’ai bien connu et qui affirmait haut et fort à ses collaborateurs: « With me, you will get what I am ! » (Avec moi, vous aurez ce que je suis) c’est à dire je serai bien celui que vous avez devant vous et pas un autre déguisé.

Fermons la boucle! Quand le paraître (le Moi objet imaginé par vous et moi) ne fait plus qu’un avec le parêtre (le Je subjectif énoncé) et que la pensée rejoint le discours, c’est à dire quand la perception rejoint la représentation.

Alors authentique = la valeur d’être soi …même. Suite au prochain numéro.

 

Explications… sur le blog

Ce soir, un vieil ami (Georges, tu te reconnaîtras!) me téléphone. Nous parlons de choses et d’autres. Georges me dit qu’il s’est connecté à mon blog et de ce qu’il me dit très gentiment, je retire l’impression qu’il faut que j’en explique le fil rouge et la cohérence.

Dont acte. Il est temps de faire le point après un mois d’existence.

Qu’est ce qui peut bien être le dénominateur commun entre les pèlerins de Diana, Sarayaku et sa communauté amazonienne, le coaching et l’accompagnement, le management et les contrepets médicaux?

Je suis tenté de répondre : « tout ce qui est décalé m’intéresse » mais à la réflexion, je pense que le lien entre tout cela est la relation d’aide et ce,…sans se prendre trop au sérieux.

Ainsi vous suivrez, je l’espère, l’aventure amazonienne en plusieurs épisodes mais aussi des textes sur des sujets aussi divers que le coaching, le management, l’approche transculturelle, le chamanisme,  qui font partie soit de mon métier de conseil soit de mes recherches.

Vous y trouverez bientôt des poèmes…, des réflexions sur des expositions d’art et quelques petits reportages vidéo, une fois que j’aurais résolu avec mon webmaster leur hébergement.

J’accueille, sans problème, vos contributions et je suis trés ouvert aux suggestions.

Bonne semaine

 

Guy Lesoeurs

 

 

Accepter L’autre…

Quelques mots-clés pour me mettre un préalable quand je suis dans une démarche d’aide et que je pense être une personne ressource.

Accepter L’autre, cela veut dire accueillir (aimer c’est une autre paire de manches!) les gens comme ils sont . Ce qui est déjà un énorme pas. Certains le font sans se forcer, de manière authentique et naturelle. Beaucoup d’entre nous font des efforts et puis il y a tous ceux et celles qui restent sourds, muets et aveugles à L’autre.

Faire avec ce que L’autre est, dit ou fait, c’est essentiel dans l’accompagnement, car le coach n’est pas chargé de réenchanter le monde mais de développer chez L’autre qui s’est adressé à lui, en confiance, quelques stimuli de pensée et d’émotion qu’il pourra utiliser dans la gestion au quotidien de ses problèmes.

Faire préciser à L’autre ce qu’il dit. Un grand nombre de personnes ne se contente que d’un début de phrase, du style: « voilà! mais je ne vais pas plus loin car vous comprenez bien ce que je veux dire… » ou d’une bribe de récit comme s’ils s’excusaient d’importuner. Le fait de bien faire compléter le récit de la situation la clarifie souvent.

Ces trois « postures » mentales du coach devraient être aussi celles du manager. Et, dans la vie courante, combien de fois avons nous constaté que ce non-accueil, cette intolérance et tout ce non-dit ou presque dit sont la source de bien des malentendus et des conflits et, en tout casz, entretiennent la complexité?

Guy Lesoeurs

 

Super! Vision…

Le coaching du coach

Accompagner les personnes sur leur chemin de vie personnelle et/ou professionnelle est un métier passionnant. Je le fais depuis plus de 10 ans maintenant. On appelle cela aujourd’hui « coaching ».

Quelle que soit l’appellation, la relation d’aide – qui s’attache à écouter, conseiller et ouvrir un espace-temps pour sa réflexion chez L’autre- fait s’accumuler chez le professionnel, même le plus aguerri, des interrogations, des doutes, des tensions et une charge émotionnelle qu’il ne peut partager avec personne.

Ainsi, le coach se trouve dans une double contrainte. Bien qu’il puisse se défendre que ce quantum d’énergie n’ait pas ou peu d’effet sur ses pensées, ses émotions et ses comportements, il demeure que le coach doit s’assurer de pouvoir l’évacuer de manière sereine et saine. Par ailleurs, pour continuer sa mission, il doit régulièrement remettre en cause sa pratique, dans sa pertinence et son acuité.

C’est le rôle de la « supervision »  qui s’effectue auprès d’un pair individuel expérimenté ou bien dans un groupe de parole spécifique appelé souvent groupe de contrôle et fait de professionnels.

Les cas peuvent y être exposés de manière anonyme et chaque coach fait part de sa pratique et surtout de comment il a vécu certaines situations difficiles de manière rationnelle, sur un plan technique sans oublier les résonancdes émotionnelles (compassion, agacement,  voire angoisse etc.). Hors de cet espace-temps régi par des règles strictes de confidentialité et d’anonymat, pas d’évocation possible.

Ainsi, pour un vrai coach, être supervisé est absolument nécessaire et doit faire partie de sa ligne comportementale et déontologique, tant il est difficile de se placer soi-même en position de décentrage ou « méta » , c’est à dire de prendre la position d’observateur de la relation coach-coaché que l’on est en train de vivre et d’analyser objectivement son comportement. Le regard, sans enjeu, d’un Autre, engagé comme lui dans ce métier est une grande ressource.

A son tour, le superviseur de coach doit donc aussi faire l’objet de supervision.

Le coach du coach du coach… un cercle vertueux et un processus fractal salutaire pour tout le monde, car chacun et chacune y apprend l’humilité et surtout progresse sans cesse.

Guy Lesoeurs