L’authentique se cultive-t-il?

Soleil pâle d\'hiver

Commençons par un haiku, petit poème japonais…

Masque d’hiver pâle

Rosée gelée

Attendre

L’authenticité d’une personne est synonyme de sincérité, c’est-à-dire « ce qui exprime la vérité profonde de l’individu et non des habitudes superficielles (p.1024, Le Grand Robert de la langue française, 2001).

Je pense que la valeur authentique est ce qui se laisse voir d’une personne sans qu’elle en ait vraiment conscience c’est-à-dire la sincérité (du latin sin cerus : sans cire): ce qui transparaît  en dessous du vernis ou du fard. C’est la raison pour laquelle je pense que l’on peut cultiver et travailler son « authentique » (le rendre plus conscient) pour être plus heureux avdec soi-même et aider les autres.

« Je voudrais, tout le long de ma vie, au moindre choc, rendre un son pur, probe, authentique. Presque tous les gens que j’ai connus sonnent faux. Valoir exactement ce qu’on paraît, ne pas chercher à paraître plus qu’on ne vaut. » A. Gide, Les faux-monnayeurs, II, 4.

Les synonymes d’authentique sont : sincère, juste, naturel et vrai.

Perception de l’image juste et représentation du vrai, l’authentique s’exprime dans la façon de se dire.

Guy Corneau, dans sa préface au livre de Thomas d’Assembourg « Cessez d’être gentil, soyez vrai » (Les Editions de l’Homme, Montréal, Québec, 2001) écrit « Exprimer sa vérité dans le respect d’autrui et le respect de ce que l’on est.[…].comment reprogrammer notre façon de nous exprimer, notre façon de nous dire »

L’authentique, adjectif devenu substantif, serait cette indéfinissable vibration de la valeur de soi que les autres perçoivent. Cela étant, s’il est imprudent d’affirmer que l’authentique n’existe que par le regard de l’autre, peut on être authentique par rapport à soi-même tant il est vrai qu’il nous arrive  de nous mentir?

L’authentique ne serait-il pas simplement « être soi-même » exprimé par le mot lacanien parêtre, ce Je subjectif énoncé opposé au paraître, ce Moi objectif imaginé?

Ayant dit et discuté ces points de réflexion avec les six participants trés motivés d’un très récent et dense séminaire de 5 jours de développement personnel que j’avais le plaisir d’animer, leurs réactions m’ont confirmé que cette question de l’authentique est vraiment centrale et …authentique en coaching de management et de vie personnelle.

Questions à se poser

  • Peut-on et comment travailler son « authentique » ?
  • Doit-on travailler son authentique au risque de ne plus « parêtre » naturel, paraître masqué, et d’habiller sa vraie nature d’un vernis plaisant ou plutôt « plaisable »?
  • Peut-on devenir authentique?
  • L’authentique en management est-il souhaitable, sachant que le manager qui se dirait authentique doit accepter d’être vulnérable et en quelque sorte prédictif ?
  • Doit-on risquer sa propre vérité et sincérité dans le jeu de l’entreprise ?

Me reviennent en mémoire les paroles de Ed H. manager américain d’un laboratoire suisse que j’ai bien connu et qui affirmait haut et fort à ses collaborateurs: « With me, you will get what I am ! » (Avec moi, vous aurez ce que je suis) c’est à dire je serai bien celui que vous avez devant vous et pas un autre déguisé.

Fermons la boucle! Quand le paraître (le Moi objet imaginé par vous et moi) ne fait plus qu’un avec le parêtre (le Je subjectif énoncé) et que la pensée rejoint le discours, c’est à dire quand la perception rejoint la représentation.

Alors authentique = la valeur d’être soi …même. Suite au prochain numéro.

 

Commencer par coacher ses amis…pour ou contre

Question de D. qui se lance comme Coach libérale:

« J’ai une question à soumettre qui me préoccupe: depuis que j’ai annoncé à mon entourage que j’allais me lancer dans ma « micro entreprise au réel simplifié » (j’adore ce terme) de Coaching, j’ai déjà reçu 2 demandes de copines (non intimes, juste « camarades ») qui ressentent en ce moment le besoin d’être coachées sur une problématique professionnelle, et me demandent de les coacher formellement, en respectant le cadre bien sûr (convention, tarifs etc): qu’en pensez-vous? D’un côté, je me dis que si je ne commence pas par coacher mes copines, par qui je vais commencer?! Et d’un autre, je me demande si c’est aussi efficace, du fait que j’ai des infos sur elles? déontologique? (cf les psys qui prennent pas les conjoints ou les fratries etc); est-ce que ça vous est déjà arrivé?
Merci pour vos conseils »

Réponse

Bonjour D.
Pour répondre à ta question très légitime, voici quelques éléments de réflexion.

D’abord, se poser la question est une posture qui t’honore et qui fait démarrer ton activité sur de trés bonnes bases éthiques.

Rendre service aux personnes que l’on connaît est un réflexe très naturel; de même que nous avons tous tendance à demander d’abord un service aux personnes que l’on connaît. Or, il faut se dire que ce n’est peut être pas la meilleure solution…

Ce serait un peu comme demander à un avocat ami de plaider pour nous, un médecin de notre famille de nous soigner etc. Si je me réfère à un réglement de conflit entre deux personnes que l’on connaît qui vous mettent en position d’arbitre ou de médiateur, (a fortiori si le médiateur ne connait que l’une des personnes), il ne me semble pas possible déontologiquement de les aider à régler leur différend.

Dans le cas du coaching, il serait certes mieux d’accompagner des personnes que tu ne connais pas ou trés peu et qui te sont envoyées par un ami ou une relation. En effet, il est beaucoup plus difficile de coacher des personnes que l’on connaît mais cela ne me semble pas impossible.
Par ailleurs, de ce que je sais, je ne vois pas d’interdit déontologique à coacher quelqu’un que l’on connaît. Il est simplement nécessaire d’être beaucoup plus vigilant sur l’interaction.

Quelles sont les contraintes, les menaces et les précautions?

  1. Il faudrait savoir bien se décentrer de sa représentation antérieure de la personne [c’est bien sûr très théorique car, de toute façon, l’interaction prendra en compte, inconsciemment de part et d’autre ces représentations antérieures]. Il faut donc se résigner (terme négatif) ou mieux être très content (côté positif) de pouvoir faire jouer ces représentations. Ainsi lors du premier entretien (dit de faisabilité), énoncer, de part et d’autre, la représentation que l’on a de l’autre me semble nécessaire. Ne pas le faire pourrait situer l’interaction sur un plan factice et chacun sait que le coaching ne peut travailler que sur de l’authentique.
  2. Ce coaching ne peut se faire que sur une problématique professionnelle. Cela ne serait pas raisonnable sur du « coaching de vie ».
  3. Attention aux effets délétères qui sont

    • Manque de crédibilité,
    • Le fait que ces deux copines « essuient les plâtres » d’une activité débutante,
    • Difficulté de se positionner comme coach impartial,
    • Un prix trop négocié, symbolique car « je ne peux pas te prendre le vrai tarif !» placera ta prestation à un niverau de valeur faible.
    • Ne pas aller jusqu’au bout et se contenter d’un coaching accéléré ou tronqué

Quels sont les bénéfices et les opportunités

  •  
    • C’est une opportunité à saisir, car il faut bien commencer et, peu ou prou, nous avons tous commencé comme cela. Après c’est le bouche à oreille
    • Cela peut être très efficace, ce d’autant qu’un climat amical est déjà établi.
    • La confiance (élément essentiel) est donnée a priori et il faudra la mériter encore plus car tu as été choisie.

Si cela ne te dérange pas, je mettrai cette réponse sur mon blog en l’anonymisant, bien sûr et je pense que j’aurai des réactions intéressantes.

Guy Lesoeurs 

 

Super! Vision…

Le coaching du coach

Accompagner les personnes sur leur chemin de vie personnelle et/ou professionnelle est un métier passionnant. Je le fais depuis plus de 10 ans maintenant. On appelle cela aujourd’hui « coaching ».

Quelle que soit l’appellation, la relation d’aide – qui s’attache à écouter, conseiller et ouvrir un espace-temps pour sa réflexion chez L’autre- fait s’accumuler chez le professionnel, même le plus aguerri, des interrogations, des doutes, des tensions et une charge émotionnelle qu’il ne peut partager avec personne.

Ainsi, le coach se trouve dans une double contrainte. Bien qu’il puisse se défendre que ce quantum d’énergie n’ait pas ou peu d’effet sur ses pensées, ses émotions et ses comportements, il demeure que le coach doit s’assurer de pouvoir l’évacuer de manière sereine et saine. Par ailleurs, pour continuer sa mission, il doit régulièrement remettre en cause sa pratique, dans sa pertinence et son acuité.

C’est le rôle de la « supervision »  qui s’effectue auprès d’un pair individuel expérimenté ou bien dans un groupe de parole spécifique appelé souvent groupe de contrôle et fait de professionnels.

Les cas peuvent y être exposés de manière anonyme et chaque coach fait part de sa pratique et surtout de comment il a vécu certaines situations difficiles de manière rationnelle, sur un plan technique sans oublier les résonancdes émotionnelles (compassion, agacement,  voire angoisse etc.). Hors de cet espace-temps régi par des règles strictes de confidentialité et d’anonymat, pas d’évocation possible.

Ainsi, pour un vrai coach, être supervisé est absolument nécessaire et doit faire partie de sa ligne comportementale et déontologique, tant il est difficile de se placer soi-même en position de décentrage ou « méta » , c’est à dire de prendre la position d’observateur de la relation coach-coaché que l’on est en train de vivre et d’analyser objectivement son comportement. Le regard, sans enjeu, d’un Autre, engagé comme lui dans ce métier est une grande ressource.

A son tour, le superviseur de coach doit donc aussi faire l’objet de supervision.

Le coach du coach du coach… un cercle vertueux et un processus fractal salutaire pour tout le monde, car chacun et chacune y apprend l’humilité et surtout progresse sans cesse.

Guy Lesoeurs 

 

Le dire d’Hippocrate…(1)

Le vocabulaire médical est une mine à contrepets car l’écho des sons produit de très propices usages des mots dans les maux et inversement. Le contrepet médical contient en lui-même un germe puissant à inspecter (c’est classique !) car il peut être à l’origine de nouvelles spécialités médicales, assez surprenantes d’ailleurs, puisque l’hépatologue qui fait les balades sur l’ascite devient, par cet exercice périlleux, et sans l’appellation à faire, un sexologue freudien averti ou bien un hématologue à condition qu’il ne soit pas minable.

 

 

Avec l’aimable autorisation de Charles Hérissey, éditeur au grand cœur de mon ouvrage « Le dire d’Hippocrate »  Contrepèteries à usage médical (avec leurs solutions), 12€ en librairie, vous pourrez, Chers Amis, étonner vos toubibs, égayer vos repas qui vous horripilent et que vous trouvez hypermerdiques (pardon hyperdermiques car ils hissaient le poil de vos héros) ! (ce dernier dédié à mon éditeur)

Seulement , point trop n’en faut et ne dépassez jamais ce qui est le dit sur la boïte !

Après cette nécessaire introduction, vous trouverez régulièrement ci-dessous quelques uns de ces avatars des salles de garde et des farces de carabins qui se trouvent pataugeant sans la clinique, avec une mine piteuse et un choc dermique devant leurs grands patrons chirurgiens.

Parlons de ceux-ci justement : ils quêtent des bistouris, laissant leur peine partir, tant il est vrai que la sal’d’op peut se retrouver assez nue sans son « d » (sans sonder). Après avoir déduit, appréciez donc le son du contrepet et soyez toujours ce toubib qui rit après ses chutes !

Il n’y a pas que l’épouse du docteur qui puisse parler de médecins d’une manière décente. Si vous ne voulez pas voir, dans ce mot noble, de double sens dont l’un anatomique, refermez cet opuscule, chercher les tours de rébus dans vos annales… Vous n’êtes pas ouvert au jeu avec le mot, à la manie des jeux de mots, à l’anagramme, au contrepet et notamment à leur caractère homophone.  

Quant à vous, lecteur courageux, toubib or not toubib, je veux, d’emblée, mettre votre verbe en joie car contrepéter n’est pas un art triste mineur.

Jugez plutôt

  1. La morgue ne veut pas d’obèse dans le suaire
  2. L’assistant de la morgue se sert de mon chalet à Biot (prononcer comme dans le Midi)
  3. L’anatomopathologiste écarte les bornes du mur
  4. Tenir des propos fumeux sur les valves
  5. Pour son pacemaker, on lui remit deux boites de piles
  6. Vous avez le sang qui bout
  7. Le chirurgien dépassant sa compétence en lui tâtant l’humérus, lui tordit l’humérus
  8. Ce laxatif va vous permettre de continuer à pied, mon cher.
  9. Ici, nous honorons les pots prescrits par le médecin
  10. Le pharmacien, précautionneux, rangeait ses piles de boîtes dans le fond de la fiole

A bientôt… si vous avez des contrepets médicaux, je les mettrai sur le blog… (à suivre)

 

 

Empathie : affects ou valeurs ? Il faut choisir

 

 

L’objectif de cette série d’articles intitulés  Les Managers du possible©  est une sensibilisation à certains aspects managériaux faisant appel à l’intuition, à la créativité et à l’authenticité. Cet article a été publié dans AMIPS-Info n°78 en 2007. Il est disponible sur simple demande auprès de Guy Lesoeurs par mail.

Le parcours de cet article n’est pas habituel et demande l’effort de se laisser « haler » sur des canaux quelque peu tortueux, en dehors des sentiers battus.

 

The general objective is to increase your efficiency in managerial skills on matters that you are not accustomed to, such as prospective thinking, intuitive research etc. We continue this series with “pros and cons of empathy in management”

 

L’entreprise est un champ de mines non désamorcées sous les pieds du manager. La frustration, les jeux de pouvoirs, les conflits de territoire, la peur du faux-pas, les re-mises en cause et les agressions verbales, les sous-entendus peuvent rendre la vie professionnelle difficile et stressante. L’individu et l’équipe peuvent en souffrir au point que ce mal-être a des retentissements sur l’ambiance et sur la qualité de vie professionnelle et personnelle des collaborateurs. Cette souffrance au goût amer a un coût important (et souvent méconnu) pour l’entreprise : conflits rémanents, pertes de temps, démotivation, démissions, absentéisme, dépressions et non qualité des prestations.

TOUT MAITRISER : LE FANTASME DU MANAGER

Certains managers sont mieux armés pour y faire face et réussissent mieux que d’autres dans leurs relations interpersonnelles. Plus attentifs, plus authentiques, plus ouverts et plus en phase avec les autres. L’écoute, nécessaire, n’est cependant pas suffisante : il faut aller plus loin sans toutefois céder à la tentation du « tout maîtriser », fantasme couramment constaté. Face à des situations managériales problématiques, le recours à des techniques psychothérapiques peut être tentant.

Il est vrai que l’on peut améliorer les conditions de la communication interpersonnelle en travaillant un comportement assertif [l’assertivité, traduction de assertiveness, est l’affirmation de soi sans dommage à l’autre. C’est un comportement positif et éthique qui refuse le recours à la manipulation et à la contrainte soit par le pouvoir soit par l’apitoyement. Ce comportement amène des attitudes de positionnement ferme et sans équivoque, base de relations saines et harmonieuses. L’assertivité n’est pas une technique mais un comportement responsable et adulte (cf note 3 ci-dessous sur l’Analyse Transactionnelle qui est l’une des techniques activant ce comportement].ou empathique avec des techniques telles que l’Analyse Transactionnelle [ le concept de l’Analyse Transactionnelle (AT) a été développé par Eric Berne, psychiatre et psychanalyste américain (1910-1970) auteur de « Des jeux et des hommes » et « Que dites vous après avoir dit bonjour ?». Il définit 3 états du moi : Parent (moralisateur et nourricier), Adulte (analyse objective de la situation), Enfant (rebelle et inventif. La transaction est l’échange entre ces 3 états du moi. Elle est dite parallèle si les interlocuteurs sont dans les mêmes états et croisée dans le cas où ils se mettent dans des états différents ce qui amène des problèmes de communication.

 ou la Programmation-Neuro-Linguistique [La PNL ou programmation neuro-linguistique est un terme inventé par Richard Bandler et John Grindler, respectivement informaticien et psycho-linguiste. Programmation car il s’agit de programmer son comportement ou celui de l’autre, Neuro car il s’agit de mobiliser ses neurones et Linguistique car l’expression (gestes, paroles) va servir de support et de véhicule à cette méthode de communication interpersonnelle].

Il faut cependant toujours raison garder car les techniques peuvent entamer la perception de l’authenticité et/ou faire tomber dans l’affectivité dont on connaît l’effet délétère en management….(à suivre)