Se communiquer (un peu) sur le Net

Pour un psychanalyste, il peut paraître incongru voire malsain de se présenter « dans le siècle », je veux dire sur la toile de manière nette en transgressant « la règle »  psy qui édicte de ne rien dévoiler de soi et surtout de ne pas se communiquer.

Clystère et boule de gomme! Certes, ce n’est parce que Jacques Alain Miller (gendre de Lacan), l’autre Miller, le Gérard de chez Ruquier, Serge Tisseron et bien d’autres font les choux gras des journalistes de toute plume que le psy de base doit aussi s’autoriser à parlêtre sur les médias et à se faire un peu de pub (faire la p…. diraient certains).

Certes, il faudrait que celui qui passe son temps à écouter ait à dire quelque chose. Or, le dire et le raconter ne sont pas dans le rôle du psy qu’il soit un tant soit peu hystérique, histrionique ou numérique (on ne dit plus cathodique) ce n’est pas très catholique. Se trouver à naviguer sur les ondes et dans les marais des réseaux sociaux est-ce transgresser ? N’est ce pas normal pour un psy de surfer sur l’inconscient collectif du Net?

La position orthodoxe, la neutralité absolue commandent de ne jamais apparaître en parole, en image (micro ou télé scopique ou non), de se représenter et ce, au nom de  du transfert qui en serait empêché.

Quittons un peu les oripeaux et l’horrible tunique de Nessus (cf le moi-peau de Didier Anzieu, 1923-1999) héritée d’avant Internet, ne nous laissons pas interner dans notre bulle protectrice institutionnelle.

Cela étant dit: il faut de la mesure en tout et je prends surmoi. L’analyste doit il rester un parfait inconnu pour tout le monde y compris pour son analysant ?  Alors quid de tous les écrivains, des beaux/hauts parleurs de la TV ? Je n’en suis pas envieux du tout.

Laissons nous un peu de temps et d’espace, une petite place bien nette sur le net, un vase communicant non pas pour narrer émotions, sentiments ou techniques mais pour revendiquer notre présence au monde.

Guy Lesoeurs

Psychanalyste, master en psychologie

www.resurgen.org/Lesoeurs-Guy.htm

http://www.annuairesante.com/fiche_guy-lesoeurs_psychanalystes_maussane-les-alpilles_692632_156.html

http://www.skilto.fr/fr/search?who=Psychoth%C3%A9rapeute%2C+psychanalyste&where=Maussane+Les+Alpilles+%2813520%29

L’authentique se cultive-t-il?

Soleil pâle d\'hiver

Commençons par un haiku, petit poème japonais…

Masque d’hiver pâle

Rosée gelée

Attendre

L’authenticité d’une personne est synonyme de sincérité, c’est-à-dire « ce qui exprime la vérité profonde de l’individu et non des habitudes superficielles (p.1024, Le Grand Robert de la langue française, 2001).

Je pense que la valeur authentique est ce qui se laisse voir d’une personne sans qu’elle en ait vraiment conscience c’est-à-dire la sincérité (du latin sin cerus : sans cire): ce qui transparaît  en dessous du vernis ou du fard. C’est la raison pour laquelle je pense que l’on peut cultiver et travailler son « authentique » (le rendre plus conscient) pour être plus heureux avdec soi-même et aider les autres.

« Je voudrais, tout le long de ma vie, au moindre choc, rendre un son pur, probe, authentique. Presque tous les gens que j’ai connus sonnent faux. Valoir exactement ce qu’on paraît, ne pas chercher à paraître plus qu’on ne vaut. » A. Gide, Les faux-monnayeurs, II, 4.

Les synonymes d’authentique sont : sincère, juste, naturel et vrai.

Perception de l’image juste et représentation du vrai, l’authentique s’exprime dans la façon de se dire.

Guy Corneau, dans sa préface au livre de Thomas d’Assembourg « Cessez d’être gentil, soyez vrai » (Les Editions de l’Homme, Montréal, Québec, 2001) écrit « Exprimer sa vérité dans le respect d’autrui et le respect de ce que l’on est.[…].comment reprogrammer notre façon de nous exprimer, notre façon de nous dire »

L’authentique, adjectif devenu substantif, serait cette indéfinissable vibration de la valeur de soi que les autres perçoivent. Cela étant, s’il est imprudent d’affirmer que l’authentique n’existe que par le regard de l’autre, peut on être authentique par rapport à soi-même tant il est vrai qu’il nous arrive  de nous mentir?

L’authentique ne serait-il pas simplement « être soi-même » exprimé par le mot lacanien parêtre, ce Je subjectif énoncé opposé au paraître, ce Moi objectif imaginé?

Ayant dit et discuté ces points de réflexion avec les six participants trés motivés d’un très récent et dense séminaire de 5 jours de développement personnel que j’avais le plaisir d’animer, leurs réactions m’ont confirmé que cette question de l’authentique est vraiment centrale et …authentique en coaching de management et de vie personnelle.

Questions à se poser

  • Peut-on et comment travailler son « authentique » ?
  • Doit-on travailler son authentique au risque de ne plus « parêtre » naturel, paraître masqué, et d’habiller sa vraie nature d’un vernis plaisant ou plutôt « plaisable »?
  • Peut-on devenir authentique?
  • L’authentique en management est-il souhaitable, sachant que le manager qui se dirait authentique doit accepter d’être vulnérable et en quelque sorte prédictif ?
  • Doit-on risquer sa propre vérité et sincérité dans le jeu de l’entreprise ?

Me reviennent en mémoire les paroles de Ed H. manager américain d’un laboratoire suisse que j’ai bien connu et qui affirmait haut et fort à ses collaborateurs: « With me, you will get what I am ! » (Avec moi, vous aurez ce que je suis) c’est à dire je serai bien celui que vous avez devant vous et pas un autre déguisé.

Fermons la boucle! Quand le paraître (le Moi objet imaginé par vous et moi) ne fait plus qu’un avec le parêtre (le Je subjectif énoncé) et que la pensée rejoint le discours, c’est à dire quand la perception rejoint la représentation.

Alors authentique = la valeur d’être soi …même. Suite au prochain numéro.