Faire psy-psy…ou la psycho-dérapie

 

  2010: parution au Journal Officiel du décret réglementant la profession de psychothérapeute. Le texte éviterait la main-mise sectaire.

Lorsqu’enfin paraît l’enfant [car on ne peut plus qu’appeler ainsi ce décret d’application, né tout grand « bébé » de dix ans, qui a depuis longtemps  « tué son père » * lequel voulait accoyer pardon lapsus octroyer le titre de psychothérapeute, sans coup férir, à tout porteur de thèse de médecine et pourquoi pas à ses collègues ORL… ], la profession de psychothérapeute si elle continue d’être en émoi et à mobiliser toutes les défenses de son moi (déni, évitement etc.) sait maintenant  jusqu’où pourra s’exercer le pouvoir du mot, de la loi.

Je devrais dire « les professions » car il existe près de 500 psychothérapies**. Les psychothérapeutes, les psychologues diplômés, les psychanalystes savent enfin à quel jeu jouer et ce dont il retourne.

Retourner est bien le mot. En effet, – à part le psychiatre, qui, médecin et supposé-savoir la psychopathologie, prescripteur de psychotropes, se trouve donc affranchi de tout complément-, pour avoir le droit de porter le titre de psychothérapeute et être inscrit au registre départemental, les  psychologues et psychanalystes doivent retouner à leurs chères études et stages pour briguer cette super-qualification de psychothérapeute.

Alors peut-on faire psy-psy sans être psychothérapeute breveté par l’Etat, reconnu dans un registre, patenté en quelque sorte?  Maintenant, pour simplifier, se distinguent deux catégories. Les patentés et les pas tentés par le titre.

Questions

  1. Est ce que toutes les personnes qui ne se sentent pas trop bien dans la vie ont attendu le décret pour se précipiter chez le psychothérapeute patenté, dûment enregistré au détriment de son praticien habituel?
  2. Le titre confère-t-il la garantie d’une écoute, d’une approche humaine et professionnelle?
  3. Les psychiatres ont ils un besoin criant d’ajouter le titre de psychothérapeute? A quoi cela leur sert-il?
  4. Le titre ferait la fonction, quel que soit la personne … mais en cela empêche-t-il les charlatans d’exercer de la relation d’aide,

Et voilà pourquoi votre fille est muette…..comme l’écrirait Molière car cela ne clarifie rien du tout au niveau du public.

Alors quittons le petit monde de la psy-psy à qui on fait faire mu-muse et auquel la plupart des gens ne comprennent rien pour être pragmatique.

Que recherche la personne qui consulte pour un mal-être?

Avant tout une personne sans enjeu, qui ait l’habitude et l’expérience de l’écoute et en qui elle est confiance.

  • Un praticien sans enjeu, qu’elle rémunère de son temps pour l’écouter, la comprendre et la faire se soulager de son angoisse qui est le lot de la majorité d’entre nous de manière passagère (deuil, perte d’emploi, malentendu familial etc.).
  • Un praticien qui a accompli de manière structurée un parcours d’introspection qui lui permet de mieux comprendre ce que ressent L’autre, de faire jouer la relation transféro-contretransférentielle qui est la condition sine qua non du soulagement psychique (quoi qu’en disent les tenants des méthodes ultrabrèves et quelque peu mécanistes).
  • Une personne qui ait été formée à la psychopathologie et qui ait une expérience de la relation thérapeutique c’est à dire clinique.
  • Quant aux jeunes diplômés qui satisfont les critères, que connaissent-ils, à 25 ans, de la vie et de leur propre état psychique pour être autorisés à accompagner un patient à travers sa souffrance?

Chacun cherche son psy et trouvera celui qui lui convient ou pas. Espérons que le registre prévu sera utile aux patients. Le décret sera sans doute plus utile aux psychologues qui recherchent débouchés et pratiques.

Pour autant, faut-il vouer aux gémonies ceux qui, avec bonne volonté et savoir-être, aident L’autre à s’en sortir?

Par ces temps de frimas et de neige, attention aux psycho-dérapages et au psycho-décapages en posant un cadre dogmatique, médicalisé à l’outrance… où le patient ne trouvera plus ce qu’il recherche.

Guy Lesoeurs

Psychologue non clinicien (Master 2, Paris XIII, 8 mars 2007 ), titulaire de diplômes universitaires de psychiatrie transculturelle (mention bien, Paris XIII, 24 novembre 2000), d’anthropologie médicale (Paris XIII, 12 mars 2001), de médiation (mention bien, Paris II, 7 janvier 2005).  Praticien psychophysiocommunication (diplôme de l’établissement privé d’enseignement supérieur,Institut de Médecine Environnementale Paris, 1997), coach de dirigeants (après 40 ans d’entreprise dont  25 de management), psychanalyste (une première analyse il y a 22 ans et une seconde  didactique qui continue…avec en plus une formation théorique et des discussions de pratiques… car il n’est jamais trop tard). Oui, j’ai un cabinet de soutien psychologique, de  développement personnel et de coaching. Non, je n’ai jamais revendiqué et je ne suis pas tenté par le titre de psychothérapeute…à 64 ans.

Au fait vous trouverez mes coordonnées sur http://www.choisir-son-psy.com/

* Mais au fait qui était la mère? Une psychologue clinicienne de Haute Savoie ou d’ailleurs?

** Plus une, si l’on compte l’olivothérapie ou l’oléathérapie inventée un soir dans une tanière de Fontvieille autour d’un pot sympathique par deux ardents défenseurs de la création continue des mythes fondateurs, un ultra-fin d’esprit professeur de médecine honoraire, deux adeptes de la projection  libidinale (énergie) et deux artistes haut en couleurs, afin de challenger la tradition ayurvédique des bains d’huile ce qui désengorgerait aussi les stocks de la vallée des Baux. .. à suivre sur mon blog.

Jouer, Rêver, Guérir… Cancer du sein et Art-thérapie

Jouer, Rêver, Guérir

 Un témoignage de Viva Iny

Viva Iny est psychothérapeute -psychanalytique et travaille auprès des populations migrantes au Québec. Elle a été formée à l’Ethnopsychiatrie et à la Clinique Transculturelle de l’Ecole de Bobigny  (Pr Marie Rose Moro)

Cet article concerne l’expérience  subjective que constitue le cancer du sein. Comment traverser cette maladie sans séismes psychiques, sans exclusion sociale et sans stigmatisation ? Comment maintenir son courage et sa créativité ? Comment ne pas se dérober face au réel, et ne pas se laisser écraser par la maladie ? Comment réaffirmer que le soi demeure, et ne deviendra pas un esquif balloté par la peur, la douleur et la démission ?

C’est en jouant et seulement en jouant que l’individu, enfant ou adulte, est capable d’être créatif et d’utiliser sa personnalité toute entière.  C’est seulement en étant créatif que l’individu découvre le soi. De là, on peut conclure que c’est seulement en jouant que la communication est possible…” (D.W.Winnicott, 1975). Ce grand psychanalyste nous rappelle l’importance de l’activité ludique qui favorise la croissance, l’intégration psychique et, par là même la santé. La créativité favorise une prise en compte personnelle de la réalité extérieure, plutôt que simplement de la subir, en générant un espace intermédiaire qui mêle réalité psychique et réalité extérieure. L’art thérapie, par sa nature ludique, devient un espace transitionnel, où l’acte créatif de l’individu permet à celui-ci de réaffirmer son existence comme sujet de sa liberté et non comme simple corps victime de cancer. Dans le cas des femmes atteintes d’un cancer du sein, cet espace transitionnel permet de jouer avec les différentes réalités extérieures jusqu’à atteindre une cohérence relative de leur monde interne, jusqu’alors bousculé par les traumatismes  liés au cancer. La valeur de la thérapie par l’art repose donc essentiellement sur la possibilité qu’elle offre de mettre en fonction un processus réparateur. Les ateliers s’articulent autour de différents moments (le passé, la vie avant le cancer, le vécu, le futur) et aide les femmes à établir une continuité entre ces différentes étapes de leur vie en attribuant un sens à l’expérience vécue.  Les aspects psychiques  plus difficiles à cerner, qui sont liés au désir, à l’estime de soi, aux troubles de l’identité et de l’identification, au maintien de la pulsion de vie sont aussi abordés. La production d’art devient ainsi un pont entre l’avant et l’après de la maladie,  en actualisant  ces indispensables mouvements d’allers et de retours entre l’histoire antérieure et les préoccupations actuelles de la  femme au sein et de cet  espace transitionnel et de la dynamique groupale.

L’annonce du cancer est d’abord vécue  comme un séisme, un coup de tonnerre dans un ciel serein. C’est l’image d’un chaos au sein des cellules, d’un soudain désordre dans le cours de la vie. « On a perdu l’innocence du corps » (Clavreul, 1978). En effet, c’est l’identité qui est menacée.  Plus tard, au cours de la maladie, la perception de soi  sera remaniée (les traitements, les opérations mutilantes, les altérations physiques, la perte des cheveux, des cils et des sourcils), mais  par-dessus tout, l’identité est menacée. Le corps  à ces instants là, devient la totalité de l’identité, si l’on peut dire. Il en est le garant, le siège, la manifestation. Or le corps est attaqué,  « L’angoisse est au cœur du soma », figurée par le cancer, elle altère ce sentiment de continuité de soi (Winnicott, 1958), ce sentiment d’être soi-même, ce fil retissé en permanence entre notre monde interne et l’impact avec la réalité.

Suite au trauma initial de l’annonce du cancer et de sa présence irréfutable  l’expérience peut devenir et pour moi elle devint un voyage initiatique. Au départ, le trauma est conçu en tant que processus de métamorphose, plus précisément,  un phénomène à la fois structurant,  destructeur et constructeur. Cette conception se distingue de la vision médicale classique associant uniquement le trauma à un vécu débilitant et handicapant. Par exemple, comment vais-je surmonter cette grosse fatigue émotionnelle suite aux traitements ? L’angoisse de la mort me rend hyperactive. Je vis intensément, je roule à cent mille à l’heure. Cette course folle vise à évacuer l’angoisse et toute complexité dans la mesure ou celle-ci me confronte inéluctablement à la souffrance et à la mort. Je ne goûte plus à la vie. Il faut ralentir mon rythme sinon je risque de m‘effondrer. Lire le reste de cet article….

Continuer la lecture de Jouer, Rêver, Guérir… Cancer du sein et Art-thérapie